Votre corps parle à votre esprit
Mars 2021
De plus en plus de personnes sont conscientes du lien puissant entre le corps et l’esprit. Aujourd’hui, des médecins, des psychologues et autres thérapeutes s’appuient de plus en plus sur l’existence de cette relation forte pour soulager certaines douleurs physiques et/ou souffrances mentales. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Pourquoi ?
Dans le monde occidental, il y a eu une tradition de séparation assez nette entre le corps et l’esprit. Un peu comme s’il s’agissait de deux entités distinctes. D’où cela vient-il ? En caricaturant, on a tendance à refiler la patate chaude au philosophe français René Descartes.
Il est notamment célèbre pour avoir affirmé le dualisme entre le corps et l’âme. Il a également mis en avant la raison, cette faculté de notre esprit de discerner et de juger sur base de critères permettant de distinguer le vrai du faux.
L’esprit cartésien
C’est du nom de Descartes que provient l’adjectif cartésien. Vous avez probablement déjà entendu dire de quelqu’un qu’il avait un esprit cartésien. C’est-à-dire, selon les dictionnaires, une personne rationnelle, logique, méthodique.
A cet esprit cartésien, longtemps loué, favorisé et développé, nous devons d’énormes progrès techniques et scientifiques. Mais près de quatre siècles après son énonciation, la séparation entre le corps et l’esprit, le fameux dualisme cartésien, est de moins en moins en vogue dans nos contrées.
Pourquoi dans nos contrées ? Car d'autres cultures et civilisations n’ont jamais dissocié (du moins avec une telle force) le corps et l’esprit. Ainsi, en Chine, plutôt que de les opposer, les penseurs se sont plutôt inscrits dans une philosophie d’unification ou d’équilibre. Pensez par exemple au Yin et au Yang dans la médecine traditionnelle chinoise. Le bon fonctionnement du corps humain est basé sur un équilibre et une harmonie entre ces deux principes.
En Occident, la médecine s’est longtemps préoccupée essentiellement du corps en mettant l'esprit entre parenthèses.
Et aujourd’hui ? Que nous reste-t-il de cette vision dualiste initiée par Descartes (mais pas uniquement !) ? Les progrès de la médecine, de la psychologie et des neurosciences nous ont permis de ne plus percevoir notre corps comme une machine mécanique dirigée par un cerveau penseur.
La réconciliation du corps et de l’esprit
Ce changement de vision a apporté un regard neuf sur bon nombre de pathologies. Par exemple, sur la relation entre dépression et troubles alimentaires. Par ailleurs, de nouvelles techniques, telle que l’hypnose, autorisent des interventions chirurgicales audacieuses.
Actuellement, et depuis un certain nombres d’années, on peut parler d’un réel engouement pour des pratiques qui réconcilient le corps et l’esprit. C’est d’autant plus vrai que des études scientifiques ont levé le scepticisme d’une partie du corps médical en démontrant, par exemple, que les activités sportives, le yoga ou la méditation participaient au renforcement des défenses immunitaires face aux chimiothérapies dans les traitements anticancéreux.
Notre état mental peut exercer une réelle influence sur notre corps. Et la réciproque est vraie. Certaines attitudes corporelles peuvent en effet conditionner notre état d’esprit.
Sourire nous rend (un peu) plus heureux
Si quelqu’un est heureux, il est bien souvent logique qu’il se mette à sourire. Mais si on sourit, peut-on devenir heureux ?
Une célèbre expérience menée en 1988 avait séparé les participants en deux groupes. Le premier groupe a dû tenir un crayon entre les dents (ce qui active les muscles sollicités par un sourire) en regardant un dessin animé. Aux participants du second groupe, les chercheurs avaient demandé de tenir le crayon entre les lèvres (action incompatible avec le sourire) durant le visionnage du même dessin animé.
Conclusion de l’expérience : les participants du premier groupe ont jugé le film plus drôle que ceux du second groupe. Nos expressions faciales (dont le sourire) peuvent ainsi influencer nos émotions.
De nouvelles études ont relativisé les résultats de cette expérience. Ainsi, il a été démontré dans une observation menée auprès de professionnels de métiers d'accueil et de contact avec le public que présenter un sourire forcé toute une journée était fatigant et pouvait avoir des effets néfastes.
Néanmoins, la majorité des chercheurs s’accorde sur les effets bénéfiques du sourire. Il en va de même pour le rire : saviez-vous que rire stimule la production d'endorphines, notamment connues pour leur rôle dans la diminution de l'anxiété et leurs propriétés anti-douleurs ? Rire permet en effet bien souvent de baisser le niveau de stress et d'amener une détente tant psychique que corporelle. Ainsi, le rire peut parfois devenir une vraie thérapie et de nombreux concepts fleurissent en s'appuyant sur ses bienfaits (le yoga du rire, par exemple).
Redressons-nous !
Observez une personne déprimée ou un joueur de tennis en train de perdre son match : les épaules sont tombantes, la tête est baissée, le regard est dirigé vers le bas. Mais notre corps ne communique pas des informations qu’aux autres. Il nous parle à nous. Et beaucoup plus qu’on ne le pense.
Notre posture reflète notre état d’esprit. Et peut même influencer notre état d’esprit. Et ça, ç’est génial, parce que cela signifie que nous pouvons avoir une prise sur nos états émotionnels. Du moins, en partie. Dégager les épaules et rehausser la tête, c’est redresser son corps. Et comme le dit la psychologue française, G. Ricaud-François : « Redresser le corps, c’est aussi redresser l’esprit. »
Dans cette optique, il est dès lors bénéfique d'adopter une bonne posture. Elle favorise une meilleure respiration, notamment par le dégagement de la cage thoracique. Des expériences en laboratoire ont également démontré qu’une telle posture modifiait positivement la chimie de notre cerveau. Elle favorise l’affirmation de soi et participe donc à la construction ou au renforcement de la confiance en soi.
Dans ma pratique de psychologue et coach de vie, j’intègre cette dimension de mise à contribution de notre entité corporelle, car je suis convaincue qu’il s’agit d’une alliée puissante dans un cheminement vers un mieux-être et dans l’établissement d’un sentiment de complétude.
Nous sommes un tout. Nous pouvons donc utiliser différentes « portes d'entrée » pour amener les changements souhaités dans notre vie. Notre corps est le meilleur associé de notre esprit. Et vice-versa. Appuyons-nous davantage sur ce lien dans notre quotidien.
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