Faites le plein de vitamines G !
C'est gratuit, c'est complètement vert et c'est super bon pour votre santé.
Avril 2021
Dès que le soleil pointe le bout de son nez, les parcs, les campagnes, les bois et les forêts sont pris d’assaut. Privés de la plupart de leurs divertissements habituels, les Belges ont (re-)découvert la promenade, la rando ou simplement la prise d’un bon bol d’air. Ces activités en extérieur sont bonnes pour la santé. Mais aussi pour le moral.
Pour certaines personnes, il n’est pas toujours facile de trouver des espaces verts. Nous vivons en effet dans un des pays les plus densément peuplés au monde. En outre, une majorité de la population vit dans une zone urbaine.
Cependant, même dans le centre d’une grande ville, il est possible de faire le plein de vitamines G (G parce que l’initiale de Green), comme disent de plus en plus de scientifiques.
Besoin de vert
Faire du sport, courir, marcher, c’est bien. Le faire en milieu naturel, c’est mieux. Des études montrent qu’une demi-heure d’efforts physiques (même modérés) au contact de la nature réduit les risques de symptômes dépressifs.
La simple vision d’un espace vert a déjà quelque chose d’apaisant. Et l’absence de contact avec la nature peut être dommageable. Plusieurs études ont démontré ces constats.
Une des toutes premières études date de 1981 et a été menée auprès de plus de 2500 prisonniers. Ceux qui disposaient d’une cellule avec vue extérieure sur la nature rencontraient moins de problèmes de santé et montraient moins de signes d’agressivité que ceux qui étaient dans une cellule avec vue sur la cour intérieure.
Deux autres chercheurs américains ont démontré vingt ans plus tard que le taux de criminalité en milieu urbain est inversement proportionnel à la quantité d’espaces verts visibles.
Par ailleurs, une double expérience captivante menée par le chercheur sud-coréen Bunn-Jin Park et son équipe vient compléter ces observations.
En 2009, deux groupes de jeunes hommes de 22 ans ont été invités à participer à un exercice de marche. Le premier groupe est parti en forêt. Le second en milieu urbain où le trafic routier est intense. Durée de la marche pour tout le monde : 15 minutes. Ensuite, 15 minutes de repos sur une chaise longue. La pression artérielle et le rythme cardiaque ont été mesurés grâce à un appareil porté via sac à doc. Le lendemain, le même protocole a été suivi mais en permutant les groupes.
Les résultats ont montré que les pulsations cardiaques et la tension artérielle sont plus élevées en zone urbaine.
En fait, Bunn-Jin Park était venu chercher confirmation d’une étude qu’il avait dirigée deux ans plus tôt, en 2007. Il s’était alors penché sur le taux de cortisol (l’hormone du stress) présent dans la salive des marcheurs. Ceux qui s’étaient promené en forêt présentaient un niveau de concentration moins élevé.
Stop aux idées noires
Tout cela paraît logique lorsqu'on y réfléchit un peu. La pollution, la densité de population et le bruit engendré par les activités humaines ne sont pas comparables en milieu urbain et en zone forestière. Se balader en forêt, c’est donc l’occasion de vivre un moment d’évasion et de quiétude.
S’évader ? Pas seulement de la ville, si on y habite. Mais c’est aussi mettre ses tracas quotidiens entre parenthèses. C’est empêcher les ruminations de prendre le dessus.
Un professeur de l’université californienne de Stanford a observé que lorsque nous avons des pensées sombres, lorsque nous broyons du noir, une partie de notre cerveau appelée cortex préfrontal s’active.
Comme son confrère sud-coréen, il est descendu sur le terrain et a voulu tester les effets de la nature sur notre mental. Et qu’a-t-il observé ? Après 90 minutes de marche en forêt, le cortex préfrontal du promeneur est nettement moins actif que celui d’un individu s’étant baladé en zone urbaine. Autrement dit, la promenade en forêt participe à la libération des idées noires et autres ruminations. Bref, elle apaise et impacte positivement notre humeur.
Shinrin Yoku
L’étude ci-dessus est récente (publiée en 2015). Mais un habitant du Japon pourrait nous dire : rien de neuf là-dedans ! En effet, l’Etat japonais recommande et encourage depuis plusieurs décennies le Shinrin Yoku, c’est-à-dire le « bain de forêt ». Il s’agit d’une pratique médicale très répandue dans ce pays. Elle invite à se rapprocher de la nature, à solliciter ses cinq sens et à se reconnecter à la capacité innée de l’être humain à se guérir.
Le Japon a reconnu officiellement le « bain de forêt » en tant que thérapie préventive. Il en facilite la pratique en ayant créé et aménagé des dizaines de zones ou bases thérapeutiques à travers son territoire. Il subventionne également la recherche scientifique sur le sujet.
De nombreux avantages ont ainsi été mis en évidence. Des attendus : baisse de l’agressivité et des états dépressifs, diminution du taux de cortisol, diminution de la pression sanguine, renforcement du système immunitaire. Des moins attendus ou plus étonnants : les scientifiques ont ainsi observé des ralentissements des symptômes de la maladie d’Alzheimer chez des personnes en contact régulier avec les essences de certains arbres !
Vous habitez loin d’une zone forestière ? Votre condition physique n’est pas au top ? Vous vous déplacez difficilement ? Rassurez-vous : une exposition d’une dizaine de minutes en s’asseyant sur un banc dans un espace vert sera déjà bénéfique.
Mon article précédent abordait la nécessité de raffermir le lien entre notre corps et notre esprit. Dans le même ordre d’idées, je suis convaincue que les contacts avec notre environnement naturel sont bénéfiques à notre bien-être physique et mental.
Se promener dans un milieu naturel, c’est l’opportunité de mouvoir son corps en conscience, c’est mettre ses cinq sens en éveil, c’est se sentir vivant dans un environnement vivant. C’est se reconnecter à la nature et peut-être à … sa nature.
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